Mon inquiétude est grande… Oui mon inquiétude est grande en ce moment car je croise beaucoup de dirigeants qui m’annoncent des étoiles plein les yeux : « Je vais libérer mon entreprise, et pour commencer je vais faire ceci ou cela… »
Et si la question n’était pas « Qu’est-ce que je vais faire… » mais plutôt « Qu’est-ce que je vais laisser faire…. » ?
Et là on ne parle plus de la même chose ! Car pour être capable de « laisser faire » les choses, il est indispensable de se préparer personnellement.
Et oui, nous « les chefs d’entreprise » sommes des hommes d’action, et là il s’agit d’agir par… le non agir, comme l’explique si bien Jean-François Zobrist, l’ancien patron emblématique de la fonderie FAVI qui est la 1ère société libérée en France.
Et donc se préparer à libérer son entreprise, c’est surtout se préparer à accueillir tout ce qui va arriver, et surtout ce que l’on a pas prévu !
Le second piège qui s’ouvre grand sur le chemin de ces entrepreneurs est la communication !
Combien d’entre nous tombent dans ce piège de vouloir annoncer très vite, trop vite, le grand soir à leur équipes : « Nous allons désormais devenir une entreprise libérée ! »
Hors un changement de culture d’entreprise ne se décrète pas, cette mutation est longue et prendra souvent plusieurs années.
Quelle réaction peuvent avoir les équipiers qui chaque jour, durant de longs mois, constaterons le décalage entre le discours et la réalité qu’ils vivent ?
Quelle pression le boss se mettra-t-il alors pour tenter de réduire ce fossé. Combien d’erreurs naîtrons de ce contexte ?
Au final, je suis convaincu qu’il existe 2 batailles à mener lorsque l’on souhaite engager son entreprise sur le chemin de la libération :
– Une grande bataille : celle qui faut mener d’abord sur soi et plus particulièrement son ego.
– Une autre bataille : celle qui consiste à initier la transformation de l’entreprise. Cette seconde bataille ne peut commencer que lorsque la 1ère est gagnée.
L’entreprise libérée n’est pas et ne sera jamais une mode pour une simple raison : Le changement personnel nécessaire à engager est lui, irréversible !
J’aimerai enfin partager avec vous 4 idées qui raisonnent en moi lorsque je regarde ce chemin que nous avons parcouru depuis 5 ans chez inov-On :
– Ce dicton africain : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin »
– Cette posture Grecque : « Si je veux que ça change dans mon organisation, que suis-je prêt à changer d’abord en moi ? »
– Cette phrase de Richard Teerlink, patron libérateur de Harley Davidson : « C’est n’est pas que les gens n’aiment pas changer, c’est que les gens n’aiment pas qu’on les change. «
Et enfin cette idée incompréhensible tant que l’on a pas été confronté à cette situation : « Que d’efforts il faut faire pour ne pas agir ».
Alexandre.

Co-pilote d’inov-On Expérience et co-animateur du groupe inov-On
Après 15 ans de Direction « Command & Control » de son entreprise, Alexandre Gérard propose en 2010 à ses équipes une démarche de « libération », inspirée par Jean-François ZOBRIST, l’ancien patron emblématique de la fonderie FAVI et, Isaac GETZ, le co-auteur de « Liberté et Cie ». Son objectif : créer un environnement bienveillant et nourricier qui permettra aux équipiers de s’épanouir et de s’investir.
c’est ce qui se passe quand on fait rêver les gens: ils rêvent !
Mais c’est comme les maladies infantiles: un détour incontournable.
C’est leur manière de faire ce que tu as fait: frotter leur rêve, leurs désirs au réel.
C’est bien aussi comme cela.
Dans le mouvement de libération il peu y avoir aussi de la casse, surtout sur des structures courtes en personne a responsabilité.
Je suis directeur de magasin et j’adhère a 100% à l’idée et à l’envie. Mais je me retrouve coincé par mes propres responsabilité. En tant que salarié autonome, encore plus libre des mes choix, de mes erreurs , je me retrouve encore plus investie . Je me retrouve a etre de faite et donc de part le postulat de cette énergie libératrice et de responsabilisation individuel pris entre le marteau et l’enclume.
Le marteau, la volonté de l’entrerprise d’être toujours plus performante et efficiente
et l’enclume du droit du travail et des conventions collectives qui rende rigide le carcan de gestion d’équipe. Cela fait partie du chemin, de l’apprentissage, de la découverte de cette énergie mais elle peut broyer des etres humains. Coincé psychologiquement par la posture libératrice ( vécu ou eigé par la hierarchie ) et le droit français ( derrière lequel le salarié se réfugie en courant.
Ce point de vue me parait effectivement très important. Etre capable de lâcher prise est clairement un travail de (très) longue durée. Nous verrons si certains amis communs y arrivent 😉
L’article dit une chose fort « juste » : « Hors un changement de culture d’entreprise ne se décrète pas, cette mutation est longue et prendra souvent plusieurs années. »
Cette durée est très fortement liée à l’approche (sur quel niveau logique on intervient) et sur l’outil utilisé (tous les outils ne naissent pas égaux) ..!!
Un autre point : pratiquer le « wei wu wei » le « non faire » demande en effet une sacrée transformation intérieure pour un entrepreneur qui par définition presque, a une très forte culture du « faire » …. qui peut encore être renforcé par sa typologie ….
Bien résumé ! Tout passe par un travail sur soi. Merci de l’inspiration et de la contribution.
Que de sagesse dans ces quelques lignes, Alexandre.
Décréter la libération d’une organisation ressemble étrangement à vouloir motiver les collègues. Ne soyez pas étonné, cela ne fonctionne pas. S’aventurer sur un chemin libérateur avec des recettes Tayloriennes, vous imaginez ? La devise de chaque leader devrait se résumer ainsi : ‘Stop filling the room’. Autrement dit, cessez d’occuper l’espace, faites-vous mal, censurez-vous. Quoi ?
Oui, les personnes ‘présumées les plus intelligentes’ dans une organisation, les managers en général, laissez vos collègues prendre la parole, l’initiative. C’est un chemin caillouteux et parfois frustrant, ce n’est certainement pas une conte de fée que cette libération d’une organisation. Puis elle ne peut réussir que par la libération des collègues en amont, et c’est là le rôle essentiel du leader. Soyez humble, renversez la pyramide. Attention, vous serez émerveillé plus vite que vous ne le pensez. Et vous allez pouvoir vous projeter dans un avenir radieux 🙂
Merci Alexandre pour ce billet auquel je souscris à 100%
Ces dirigeants oublient effectivement l’essentiel : comme l’entité libérée repose sur un paradigme radicalement différent des organisations classiques, le principal change va être de leur côté : perte du « faire », des boucles de gratification de l’ego qu’ils tirent des fonctionnements actuels … Or cet abandon est la condition sine qua non pour mobiliser l’intelligence collective !
Nos dirigeants ont souvent un biais cognitif qui leur fait mésestimer l’acuité qu’ont leurs employés sur leurs pratiques managériales. Ces derniers détectent le moindre écart entre le discours et les faits, et en prime ont de la mémoire. Remédier à de tels défauts aux yeux des employés est une tâche redoutable et sous-estimée par les dirigeants, qui requiert cette prise de conscience / conversion préalable que vous décrivez, et ensuite une persévérance sans faille.
Le vrai secret de l’entreprise libérée n’est pas dans la cible : tout le monde en parle, que ce soit sous le vocable d’entreprise libérée, d’organisations apprenantes, de Beyond Budgeting, de MIX (Gary Hamel) …
Le vrai secret est dans le chemin pour en devenir une.
@Pierre Bordignon : je ne sais pas s’il y a un « secret » … mais s’occuper du « comment » atteindre la cible est encore un fonctionnement très en mode 1.0 ( « faire », gratification, croissance, compétition, etc …)…. la première « révolution culturelle »/ changement de paradigme commence par le Dirigeant : vouloir sauter des étapes d’un processus est en général un chose contreproductive …. par contre, mettre d’abord le contexte en place avant l’action est plutôt ‘une très bonne pratique …..
bjr
100% ok
Juste un point complémentaire : demander aussi l’avis des salariés !
=> un référendum du genre : on y va tous ? Vous êtes prêts ?
Dis autrement, libérons la décision en amont de la longue route de la transformation
Bonjour ,
et merci de ce recentrage (qui reflète votre vécu ) – Souhaitons que ce message de sage prudence soit entendu par le plus grand nombre
Cordialement
Isabelle Guenet
Merci Alexandre pour ce retour plein de bon sens. En parallèle de votre point de vue j’ajouterai que c’est plutôt une bonne nouvelle que des chefs d’entreprises soient séduits par la démarche de devenir une entreprise libérée. Après les avoir félicité, et avant toute chose, on pourrait peut-être leur conseiller de lire « Liberté & Cie » d’Isaac GETZ et Brian CARNEY ?
Bonjour,
Au risque de paraître très, voir trop simpliste pouvons nous résumer que l’entreprise libérée nécessite un « lâcher prise »…contrôlé, contrôlé par un accompagnement au changement pour sécuriser le collectif qui se lance dans cette aventure ?
Bien vu mais la libéralisation de l’entreprise est bloquée par la rigidité et l’attachement des hommes à leur CDD, alors que leur salut passe par des contrats plus souples ( auto entrpreneurs) pour les petites sociétés et notamment dans des activités cycliques et dont le bâtiment.
Quand les politiques comprendront ils cela?. les changements fiscaux dans les domaines énergétiques ont changé mon business-model et m’ont amené à déposer le bilan; Devrais je porter plainte pour leur incapacité? 10 chômeurs de plus!
Je vais leur écrire pour leur incapacité
merci Alexandre. Ne nous laissons pas enfermer dans un nouveau mythe. Commençons par notre liberté intérieure qui remet d’être à la source de beaucoup de choses. cordialement
Si l’on accepte de se regarder et de se remettre en question, c’est que l’on a accepter d’évoluer. Pour vous rejoindre sur la thématique, libérer l’entreprise peut se faire naturellement avec les bonnes personnes au bon endroit ; employont les gens là où il sont bon…
Où sont passé les grands dirigeants d’avant qui a
qui avaient tout compris ? C’est pourquoi en 1 siècle l’homme avait pu évoluer. Hors à ce jour, victime de nos média, nos dirigeants et chefs d’entreprise jusqu’à la base, doivent paraître et faire le « buzz »
Sic de l’avenir des entreprises………
Excellent article. Jean-Francois Zobrist a tout compris, et l’a démontré !
On ne peut s’engager dans la voie de la libération (de soi et des autres) si on n’a pas commencé par soi. Et commencer par soi signifie commencer par s’arrêter de courir pour se poser dans le non-agir, qui est aussi l’agir…
Comme l’enseignent notamment Jon Kabat-Zinn, Christophe André, Ilios Kotsou ou Mathieu Ricard, changer le monde et se changer soi sont profondément liés. A méditer, en pleine conscience.
Comme le système Toyota (et contrairement au LEAN), la libération de l’entreprise n’est pas une mesure technique, avec des outils à appliquer. C’est un changement de perception des échelons les plus bas par leur hiérarchie, commencer par s’adresser au cerveaux des ouvriers ou subordonnés au lieu de les considérer comme des bras. Tout découle de cela.
liberer l’entreprise est un acte de courage, il fait basculer dans l’inconnu, avec très peu de contrôle et surtout sans trop de possibilité de revenir à l’état initial.
Aussi cette décision s’appuie sur de solides croyances positives sur l’humain.
Quand les organisations libèrent l’initiative et la responsabilité, l’ego devient le blocaquant invisible. Sans le développement de niveaux de conscience partagés et la co responsabilité, les entreprises plafonneront, régresserons, dans le meilleurs des cas connaîtrons des crises qui les amènerons a créer des mécanismes de régulation de l’ego.
En effet, je pense qu’on ne fait pas le bonheur des gens contre leur gré….
Les dirigeants à l’ego surdimensionné qui voudraient libérer leur entreprise « manu-militari » sans accompagner le changement, sans prendre en compte les doutes légitimes, les résistances normales de chacun de leurs collaborateurs vont non seulement à l’échec, mais trahissent également les principes de l’entreprise lbérée. Une entreprise ne peut être libérée sans un dirigeant responsable…
Merci pour ce post
Et batailler contre son égo ne serait il pas une action de l’égo lui même contre son égo ?
N’est ce pas une volonté égotique de vouloir « batailler contre » ?
J’ai trouvé une autre voie qui consiste à écouter son égo pour le repérer, le remercier de nous éclairer sur nous même, pour alors le lâcher…
Cela dans une démarche de déconditionnement (sortir du conflit, de l’illusion et de ses croyances), c’est-à-dire de prise de conscience de soi même et de choix d’actions déconditionnantes.
Merci pour votre billet très inspirant et si juste! Commencer par se libérer soi-même des effets sclérosants de son ego (toujours plus de contrôle et de procédures, conviction de faire plus vite et mieux si l’on fait soi-même, condescendance à l’égard des autres et pseudo implication des équipes dans des décisions déjà prises…) une première clé en effet pour ouvrir la porte vers la libération de l’entreprise !
Merci pour ce bel article!…..
J’expérimente ce chemin de liberté tous les jours…liberté intérieure et liberté extérieure se nourrissent l’une l’autre et grandissent ensemble…un chemin passionnant et sans fin…